Description du projet

Création 1991

 

“A l’école, c’est sans doute mon type espagnol que les autres enfants désignaient sous l’adjectif de “chinoise”… J’ai souvent repensé à cette qualité de chinoise que les autres enfants me prêtaient. Et souvent j’ai repensé à l’Asie et à l’Espagne. Bien plus tard j’ai rencontré le Japon, la culture japonaise, ses rites, sa littérature, ses danses, son théâtre… et j’ai entrevu entre l’Espagne et le Japon une correspondance très forte, et très essentielle…

La corrida n’aurait-elle pu aussi bien être un rituel japonais?

 

Ce code de l’honneur, cette fierté, cette raideur et cette démesure (si peu méditerannéenne, par certains aspects), cette sensualité proche de la violence, ces jeux de la beauté et de la cruauté:

quelles étranges et troublantes affinités, … entre la culture japonaise et la culture espagnole qui portent un sens très proche du “tragique”.

 

 

Ainsi, Carmen, l’engrenage de la séduction et sa capacité à faire se révéler le destin de l’être séduit, le meurtre d’amour… ces thèmes m’ont donné l’envie de faire se mesurer les deux civilisations, les deux systèmes de représentations, l’Espagne et le Japon.

 

 

Ma Carmen sera une Carmen de “Bunraku” une marionnette de théâtre japonais et pourtant elle aura hérité de la danse et des poignards étincelants des gitans d’Andalousie.

 

Je danserai reliée par des fils à mon manipulateur.

Je serai projetée dans les stratégies du désir par un dispositif de filins et de petites machineries fines… qui me donneront, je le désire, l’occasion d’une gestuelle nouvelle, farouche et picturale.

 

Et c’est ainsi, j’espère que la passion m’envahira.”

 

Karine Saporta

Extraits de presse au sujet du spectacle :

 

“… La chorégraphe a traité le personnage de Carmen à la manière d’une marionnette de Bunraku, se livrant ainsi au fantasme fondateur de sa création: le corps manipulé, attaché à des filins, éternel objet de désir, offert, provoquant, mais à jamais dérobé. Trouvant de nombreux points de comparaison entre la culture et le tempérament espagnols et japonais, Karine Saporta et son décorateur, Jean Bauer, ont réalisé un travail magnifique sur l’ambiguïté des formes, celles de l’éventail, de la cloison coulissante, de la jalousie, glissant de l’une à l’autre, d’un geste à l’autre, corps présenté de côté comme dans le flamenco, lent déplacement inspiré du théâtre nô. ”

Dominique Frétard – Le Monde

 

“Saporta, superbe et scandaleuse : la Carmen de la chorégraphe défraie la chronique. Ce spectacle restera comme une pièce d’anthologie dans l’oeuvre de

Saporta : ce théâtre d’ombres résume tout son univers, officiants Japonais, lilliputiennes à la Vélasquez inclus.”

Dominique Frétard – Le Monde

 

“… Eh bien, non seulement Karine Saporta réussit sa Carmen, mais elle parvient, une heure durant, à redonner à l’héroïne de Mérimée la violence et la passion que les librettistes de Bizet avaient passablement diluées pour les besoins de l’opéra…. ”

Patrick Nicolle – Liberté Le bonhomme libre

 

Une production du Centre Chorégraphique National de Caen/Basse-Normandie en coproduction avec le Festival de Lille, le Théâtre de la Ville, le Théâtre de Caen, le TNDI de Chateauvallon et l’O.D.A.C. Manche. Avec l’aide de la Fondation du Japon.