du 15 juillet au 6 septembre 2009 : Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration

Décembre 2009 à Janvier 2010 : Cinéma Bibliothèque

du 2 au 11 avril 2010 : Maison des Arts de Créteil

“Karine Saporta est l’une des chorégraphes pionnières qui ont créé ce que l’on a nommé la jeune ou la nouvelle danse contemporaine française. Elle fait partie de ces personnalités anticonformistes, de ces individualités fortes et dérangeantes, qui rompent avec l’esthétique et les codes de leur époque.

 

Formée à la danse classique puis poursuivant un doctorat de sociologie à Chicago où elle dirige son travail vers la danse et l’image (vidéo, photo, cinéma) Karine Saporta n’a de cesse de questionner l’histoire de la danse et du geste pour l’entraîner dans les détours de son imaginaire luxuriant qui transportent le spectateur dans un monde de démons et merveilles.

 

 

De l’extrême lenteur à de dynamiques fulgurances, ses chorégraphies élaborent une alchimie du mouvement pour traduire de véritables “ états d’âme ”. Ses mises en scène – qu’elles soient chorégraphiques ou photographiques – sont spectaculaires, cinématographiques, picturales.

 

 

Son apport au niveau de la danse est d’introduire de nouvelles notions comme la gravité, l’énergie pulsionnelle, l’expressivité et une certaine violence des affects et des gestes. Ses œuvres contribuent à la création d’un nouveau modèle féminin, hors de tout stéréotype et induisent une démocratisation de la danse en réfutant le modèle héroïque et militaire du corps dressé dominant le groupe.

 

C’est dans le droit fil de cette démarche que s’inscrivent les photographies grand format (60X90 cm) exposées ici. Commande de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration en partenariat avec le centre Fleury Barbara Goutte d’Or sur une proposition de Karine Saporta, l’exposition 1 et millions nous dévoile non pas une image ou des clichés de ce que serait l’immigration mais une histoire personnelle, un rapport à l’espace et au temps individuels travaillés par le double regard de la chorégraphe et de l’objectif.

 

Chacun de ces portraits sont des représentations, construites avec chaque personne, à partir de leurs récits, de leurs expériences, de leurs désirs d’apparaître ou de faire apparaître ce que l’on pourrait appeler le point aveugle de leur personnalité. Grâce à un long processus de travail réalisé au Centre Fleury Barbara Goutte d’Or, Karine Saporta a su ne pas capter une image qui leur aurait été extérieure mais a voulu révéler l’essence d’une existence.

 

À travers la composition du cadre, l’agencement de la lumière, le choix d’accessoires ou la mise en jeu du corps, elle leur a permis d’exprimer soit un moi fictionnel pouvant être lié à des problématiques d’identification soit au contraire, de déceler un moi profond qui, par définition, échappe sans cesse mais nous constitue en 1… et millions d’autres.”

 

Agnès IRZINE, rédactrice en chef du magazine DANSER.